lundi 19 avril 2010

Gaspard

Sur la carte IGN posée sur les genoux de Cyrilline, le petit village de "vieilles vignes" apparaissait situé au sud ouest de Siphon, dans une zone viticole mais un peu éloignée des grands domaines. Kalaine conduisait timidement le véhicule étant peu habitué à prendre la voiture en dehors des éternels trajets entre le centre commercial et la rue où elle diagnostiquait les futurs de sa clientèle. Jean, fébrile à l'idée de ne pouvoir fumer pendant une demi heure, regardait éberlué la campagne siphonnaise et se demandait comment peindre un loup invisible. Lucie les avait accompagné et pensait à ces animaux si gentils qui avaient été éradiqué du pays dans les années 30. Kalaine, avait mis la radio, car aujourd'hui à 13H30 l'émission "des astres et des songes", parlait de Nostradamus. Jean essaya de plaisanter mais il comprit rapidement au ton de Kalaine l'importance que revêtait pour elle le personnage.
Arrivé aux vielles vignes ils prirent renseignement auprès des villageois sur le dénommé Gaspard. Le ton d'ordinaire si affable des villageois virait à l'aigre et l'un d'eux désigna une cabane au loin dans la colline en ajoutant "On l'aime pas trop par ici, y porte la poisse et la mort". Ils se dirigèrent tout de même vers la cabane de berger s'éloignant un peu du village par un sentier de terre battu que des ronciers délimitait. Une petite mare contournée ils traversèrent un pré et frappèrent à la vieille porte en chêne de la cabane. Un homme brun d'une cinquantaine d'année sorti, le visage caché par une barbe hirsute. Ses yeux noirs flamboyants dévisagèrent la petite troupe et il demanda d'un ton rude: "Que me voulez vous?". Un peu impressionnés nos héros hésitants se concertèrent et la courageuse Cyrilline dit " Nous venons vous voir à propos de vos loups invisibles". Gaspard déconcerté les invita à entrer.

Une organisation occulte

Lorsque Lucie entra en contact avec ces loups, rien se semblait pouvoir se mettre entre leur chemin parcouru et les directives qu'ils avaient reçu. Un homme vivant dans un petit village alentours, enchanteur, bien que cela en fasse rire plus d'un dans la région, avait permis à ces animaux de vivre en milieu urbain sans se faire remarquer grâce au baume prodigieux qu'il avait exhumé d'un grimoire qu'il tenait de son grand oncle et qui circulait dans la famille depuis plusieurs générations. Les loups lui expliquèrent que cet homme, qui vivait reclus dans une cabane de berger, leur demandait de faire régner la loi suite aux troubles qu'occasionnât la folle et funeste entreprise de mine de crayon. Parcourant les villes, villages et hameaux de la région, ces animaux intelligents étaient chargé de veiller sur les citoyens et d'endiguer toute éventuelle exploitation par une morsure bien sentie dans le cou du contrevenant.
Ils étaient donc les justiciers nés des circonvolutions fumeuses du cerveau du sorcier Gaspard Duchemindesroseaux du village "des vielles vignes". Lorsque Cyrilline, Kalaine et Jean apprirent cela, leur sang ne fit qu'un tour: Il fallait impérativement rencontrer cet homme à la tête d'une organisation qui bien qu'humaniste était occulte comme un secret d'alchimiste et dont les projets pourraient varier au gré de ses humeurs (si changeantes aux dires des loups).
La vieille voiture vert pomme de Kalaine était en état de marche et l'expédition fut programmée pour le lendemain.

vendredi 26 mars 2010

Des loups invisibles... et sympatiques

L'appel de Kalaine avait été court et le problème s'avérait plus complexe qu'il n'y paraissait de prime abord. Ainsi Jean se rendit-il à l'heure de la réunion chez Kalaine rejoint promptement par Cyrilline avertie entre-temps.
Il y avait en ce moment une meute de loups qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, déambulait dans les rues de Siphon. Pour ajouter à la gravité de la situation ces loups avaient été rendu invisibles par une curieuse et secrète alchimie. Ces animaux, encore rassasiés par quelques brebis de la campagne environnante, étaient pour le moment inoffensifs et après quelques plaisanteries nos amis décidèrent qu'il fallait entrer en contact avec ces derniers. Kalaine ajouta "Une ancienne amie d'enfance a appris le langage des animaux" et aussitôt après avoir recherché dans son vieux carnet d'adresses son numéro de téléphone, ils appelèrent. Après d'émouvantes retrouvailles, Kalaine exposa à Lucie la situation, qui bien que rocambolesque sembla rapidement préoccuper cette dernière.
Jean sortit fumer une cigarette dans le petit jardin arrière de la maison de Kalaine. Au moment ou il commençait à se délecter de la première bouffée, il entendit un petit glapissement à quelques mètres puis il entendit l'herbe bruisser et sentit aussitôt un petit lèchement sur sa main. A peine effrayé Jean caressa l'animal invisible. Un premier contact était lié.
Il rentra dans la maison et prévint ses amies. Excitées à l'idée de sentir l'animal, elles sortirent. Il était toujours là et très affectueux.
Lucie allait venir mais nous pouvions compter sur une entente cordiale.

vendredi 19 mars 2010

Le malaise de Kalaine est résolu, une concertation était aussi nécessaire!

J'arrivais ainsi chez Kalaine à l'heure où tous les fantômes rendaient son appartement terrifiant et lui faisaient écrire les inepties les plus complètes sur son blog (pourtant réputé être une référence en matière de prédiction). Lorsque j'entrais dans la salle, elle était en proie à de vifs sanglots et les courriels enflammés des internautes semblaient en être la cause. "Ils m'ont annoncé un conflit planétaire pour aujourd'hui, ce que j'ai fidèlement reporté et maintenant je passe pour quoi... " Elle fondait en larmes de plus belle. Après un vif dialogue avec mes confrères où je leur expliquais la dure mission de Kalaine et leur rôle pacificateur et de prévention, ceux-ci convinrent de la stupidité de leur jeu même si au fond d'eux la plupart trouvait cela drôle. J'en convenais intérieurement, c'était cocasse, mais je ne leur cachait pas mon courroux et ils allaient reprendre les choses de façon sérieuse. D'ailleurs des loups, d'une espèce toute particulière, occupaient la ville et notre M. Lumine, qui écrivait toujours ses nombreuses impressions, l'avait noté dans son carnet. Je pensais qu'il s'agissait d'une de ses nombreuses hallucinations (qu'il tentait de dissimuler tant bien que mal) mais la chose était avérée et j'enjoins Kalaine de prévenir ses lecteurs.
Lorsque ses nombreux conseillers eurent quitté le lieu, je lui confiais mes préoccupation concernant mes protégés et elle me dit ce qu'elle savait. D'ailleurs Cyrilline allait bientôt passer chez elle et son avenir à elle, serait brillant... Pour Jean, ça dépendait encore de ses choix...
Mais nous devions parler du nouveau danger qui planait sur Siphon.Demain elle appèlerai Jean.

Les journées ordinaires de nos héros et les soucis de la voyante

Le planning de Jean, qui hantait l'appartement du 2 bis tout autant que moi, était vraiment déplorable. Après s'être levé, à l'heure où les honnêtes gens prennent leur déjeuner, il buvait du café tout en écoutant une musique folk aux accents improvisés des plus insupportables. Ensuite il mangeait un sandwich confectionné par sa boulangère, le seul substitut plausible d'une mère, puis passait quelques appels officiels afin de régler les quelques soucis tangibles de sa vie administrative et fumait des cigarettes tout en lisant sporadiquement quelques pages d'un poète chilien...
Sans compter les allers retours vers son ordinateur, les pages musicales consultées, et les quelques appels savamment répartis au cours de la semaine vers des amis.
Il peignait et écrivait mais à l'heure où les mêmes honnêtes gens éteignent leur lampe de chevet. Il me tardait vraiment de le voir retrouver un travail digne de ce nom...
Pendant ce temps, la vertueuse Cyrilline, se levait à six heures,prenait une douche et se préparait puis se rendait au travail la mort dans l'âme, buvait un café à la pause de dix heures avec ses collègues de bureau, mangeait encore avec eux entre 12H30 et 13H45 et revenait épuisée vers 17H. Après s'être accordé une pause thé d' une demie heure elle se replongeait dans le traité d'odonatologie(étude des libellules) du Pr Hellesonbeleshiron ,consultait ses carnets de notes, infirmait ou complétait ses hypothèses et puis rédigeait quelques conclusions concernant ses observations. A 19 heures elle mangeait une salade verte accompagnée d'un mince filet d'huile avec une tartine de beurre puis un yaourt bulgare et appelait sa mère qui vivait seule.
Vers 20H30, elle allait sur internet consulter des revues ayant trait à ses axes de recherches puis consultait une dernière fois sa messagerie. Elle se couchait ensuite sur un matelas et prenait un livre de poésie, celui du poète chilien tout comme Jean ( mais aucun des deux ne le savait).
Ce soir avant de dormir elle pensa "Et si j'appelais Kalaine afin de savoir ce qui m'attend" mais cela lui semblait être une ineptie quoique...
Tous deux avaient besoin de changements et Kalaine, qui en savait long sur l'avenir de nos protagonistes, était aussi en proie à un malaise croissant. Les fantômes se jouaient d'elle et elle en prenait conscience. Ses prédictions étaient erronées une fois sur deux et elle devait me parler. Je me rendis chez elle sans tarder.

jeudi 18 mars 2010

Après le thé un étrange chant de loup

Jean s'était remis à peindre depuis quelques jours. Il semble que la toile évacuait lentement les tensions accumulées ces derniers temps, le rouge qu'il essayait de masquer réapparaissait par traces vives et le tapis faisait les frais de ces humeurs.
Cyrilline, de son côté, s'ennuyait au milieu des piles de dossiers qu'elle devait vérifier dans son office. Sa longue silhouette blonde devenait pâlissante et ses collègues de bureau s'inquiétait quant à son entrain et sa santé.
Elle voyait Jean ce soir et le rendez-vous était fixé dans le petit parc à côté de l'église saint Jacques.
Jean arriva à l'heure et elle quelques minutes après.
Ils avaient tous deux l'air d'une maladresse égale ce qui renforçait leur sentiment d'amitié naissant. Elle lui confia son ennui et lui sa lassitude.
Tous deux convenaient tout de même du confort qu'ils trouvaient dans la ville paisible de Siphon même si la vie n'équivalait pas toujours à leurs jeunes espérances.
La morosité était aussi au rendez-vous et je m'apprêtais à visiter quelques amis fantômes des environs quand ,dans un réflexe de survie, Cyrilline proposa à Jean de passer un weekend entre amis dans une petite maison qu'on lui prêtait à la campagne. Il hésita, prétexta une commande pour un client dont j'apprenais l'existence balbutia quelques mots inaudibles lorsqu'elle lui dit "Cette maison est à côté d'une rivière où l'on peut se baigner".
Jean aimait beaucoup l'eau et soudain la commande n'était plus si pressée. Il dit toutefois qu'il aimerait prendre le temps de réfléchir. Le temps fraichissant elle lui proposa de prendre un thé chez elle puisqu'elle habitait à proximité.
L'appartement de Cyrilline était situé sous les toits, comprenait deux pièces meublées sobrement et une grande bibliothèque aux livres improbables mais probablement rares. Il s'assit sur un petit coussin posé au sol et elle arriva peu après avec une grande théière à la main. Cyrilline fumait très rarement mais elle prit une cigarette et Jean en fit autant. Ils bavardèrent au milieu des petits insectes en métal assemblés en mobiles qui occupaient l'espace libre de l'appartement.
Il lui confia ses préoccupations quant à Centre Emploi, son inquiétude de pouvoir retrouver un petit contrat dans le temps imparti et ses incertitudes concernant son avenir. Elle écoutait attentivement, ses doigts longs et fins posés sur les genoux.
Pour le consoler, elle lui confessa la détresse que suscitait en elle ses perspectives professionnelles dans l'administration tout en ajoutant que si cela suscitait un sentiment de sécurité cela lui procurait aussi de la lassitude et semblait compromettre ses projets plus personnels.
Ils se turent. Jean se leva et dit qu'il devait travailler à nouveau sur le portrait qu'il préparait. Cyrilline allait se coucher car elle prenait le travail à sept heures. "Nous reverrons-nous prochainement?" demanda-il. "Quand ça te chante" répondit-elle.
Lorsque Jean sortit la lune était rouge, le vent soufflait et il lui sembla entendre un hurlement de loup. "Mais où sommes-nous?" se demanda-il à mi-voix. Les choses sont parfois étranges...

lundi 15 mars 2010

Le retour au calme et des retrouvailles amicales

Les choses étaient apaisées, bien que toujours au cœur des préoccupations siphonnaises, l'affaire était close et l'urgence avait fait place au soulagement général.
Jean et Cyrilline devaient prendre un café ensemble et rendez-vous était pris dans un petit bistrot situé impasse des Marronniers, "la libellule rouge" à mi parcours des domiciles de nos protagonistes. Kalaine, avec qui un lien d'amitié commençait à poindre, devait les rejoindre un peu plus tard ainsi que Léon, un ami de Cyrilline. Tous avait pris une part importante aux évènements et le sujet était inévitable. Avant l'arrivée de leurs camarades Jean et Cyrilline parlèrent de leurs projets respectifs et si les centres de préoccupation étaient plutôt différents ils s'amusèrent beaucoup de leurs parcours et trouvèrent quelques similitudes. Et puis ils connaissaient tous deux Jérôme, un musicien qui était à l'origine de quelques disques expérimentaux et qui les amusaient. Lorsque Kalaine arriva, elle venait de préparer quelques prédictions concernant Jean et ce à son insu. Elle lui dit d'emblée "Tu verras, tu partiras en Amérinde et Cyrilline aussi" ce qui les amusa beaucoup... Et puis Léon arriva, un homme timide qui vendait des livres dans une rue adjacente. Kalaine avait un sens de l'humour prononcé et tous rirent à ses anecdotes concernant les fantômes ce qui ne manqua pas de m'irriter. En effet sans nous, ils extrairaient des crayons de la mine mais je glissais à l'oreille de Kalaine que je renouerais le contact avec eux plus tard.
Lorsque nos amis se quittèrent, Cyrilline tendit son ouvrage à Jean. Il y avait en couverture une belle libellule rouge!

dimanche 14 mars 2010

La ville de Siphon en ébullition

Les habitants de Siphon se réunirent un peu partout, des délégations se mirent en place pour aller parlementer avec les autorités, même la presse officielle dut relater l'évènement.... et ce au niveau national et international! Mais comment de si sombres desseins avaient pu se profiler ainsi sans que personne ne le sache ou en tienne informé la population. Une enquête allait être ouverte mais on tenait les plans de ses instigateurs et il fallait impérativement taire l'affaire au plus vite.
Jean, Cyrilline et Kalaine ainsi que toutes les personnes ayant participé à l'alerte étaient pour le moment interviewées par les médias. Il turent toutefois mon existence et celle de mes nombreux confrères.
Toutefois nos héros hésitaient à rester à Siphon. Kalaine estimait pour sa part que son rôle était d'apporter soutien et réconfort à la population locale. Jean échaudé par les sombres perspectives qui s'étaient profilées hésitait quant à ses projets et Cyrilline était tenue par son travail à rester dans la région.
Le calme revenait, les choses étaient prises en main par les plus hautes autorités et l'avenir semblait plus serein.
Cyrilline et Jean s'amusaient de voir leur rencontre liée à cette action pour le moins héroïque mais se rendirent compte, chacun de leur côté, qu'elle ne leur avait pas permis de faire plus ample connaissance et puis Cyrilline ne lui avait pas passé son ouvrage sur les insectes...

samedi 13 mars 2010

La résistance s'organise, Cyrilline y participe!

Une fois rentré chez lui, Jean prévint rapidement ses amis et une réunion eut lieu dans son appartement. Chacun promit de prévenir tous ses contacts et un lieu fut désigné comme base de retranchement. C'était un lieu de concert, tenu pour être une alternative musicale et culturelle, et ses habitants rapidement informés promirent d'agir, des "flyers" de mise en garde furent dessinés et c'était promis la photocopie et la distribution iraient bon train et les habitants pourraient vite s'organiser.
Sur internet, les avertissements se montaient sur tous les forums, blogs et sites.
La nuit avait été très productrice et le rendez-vous approchait.
Jean arriva à l'heure, les cheveux en bataille, les traits tirés et la mine extrêmement pâle. Cyrilline inquiétée par cette fébrilité manifeste lui demanda ce qui se passait. Jean lui proposa de venir chez lui pour lui expliquer la situation.
Attablés autour d'un café très noir, la discussion entre nos deux protagonistes allait bon train et Cyrilline promis d'apporter son aide.
La résistance s'organisait un nombre croissant de personnes y participait et la sinistre entreprise minière avait du soucis à se faire...

vendredi 12 mars 2010

L'action ou la fuite? Et puis prévenir Cyrilline...

Jean prit son vieux manteau, mit une cigarette à sa bouche l'alluma et marcha hâtivement au 33. Kalaine l'attendait sur la perron de sa petite maison située dans un renfoncement de la rue. "Entrez" lui dit-elle! "Nous devons parler".
La pièce dans laquelle Jean entra était éclairée par de petites bougies blanches et deux grands chandeliers. Une multitude de divinités orientales et de pierres semi précieuses cachaient des ouvrages ésotérique et sur la magie blanche, noire. Un grand fauteuil en cuir semblait attendre notre homme et la voyante l'invita à s'asseoir.
"C'est mon cabinet dit-elle et je suis informé de l'évènement depuis déjà un mois mais n'osait pas agir. Nous sommes probablement les deux seuls Siphonnais à en être informé et je ne sais vraiment pas quoi faire. La grande mine de crayon est un projet des plus odieux et ils veulent nous faire travailler comme esclaves... Que pensez-vous faire?"
Jean toujours un peu sceptique déclara "Mon premier réflexe serait la fuite mais je compte parmi les Siphonnais quelques amis et sympathies diverses. Je pense ainsi que notre devoir est de prévenir la population". "Pensez-vous prévenir la presse" Jean répondit "Je pense que la presse est parfaitement informée de cette affaire et qu'ils sont à l'abri hormis quelques organes indépendants. Je songe particulièrement à un web zine pour lequel un ami travaille et puis il y a les blogs et un système de tract. Il faut vite informer la ville de ce sombre évènement et puis parlez moi de ce fantôme!"
Heureux de me savoir enfin au centre des préoccupations je demandais à Kalaine de me présenter ce qu'elle fit de façon précise en relatant mes propos fidèlement.
"Il me semblait bien que quelqu'un veillait sur moi!" dit Jean. "Que comptez vous faire Kalaine?". "Informer la ville et fuir" répondit-elle. Leurs projets respectifs étaient identiques. Ils allaient informer le plus de monde possible et tout d'abord il voyait Cyrilline demain....
"Au fait où irez-vous?" demanda Jean. "Aux Etats-Unis d'Amerinde et vous?" "Je ne sais pas trop" répondit-il..."Peut-être ferais-je comme vous!"

jeudi 11 mars 2010

Un moyen d'action et de communication

Désemparé à l'idée d'une exploitation en masse des habitants de la douce ville de Siphon,je passai une nuit aussi agité que Jean (Il était un peu inquiet au sujet de cette rencontre mais les évènements, vous en conviendrez, sont bien plus préoccupants).

Après avoir passé en revue tous les moyens d'entrer en contact avec notre héros, il me revint en mémoire la rencontre avec une voyante siphonnaise qui parlait tous les soirs avec les fantômes de mon espèce en vue d'écrire ses prédictions sur le blog qu'elle consacrait aux évènements à venir.
Cette femme, connue sous le nom de Kalaine, percevait des voix intérieures qui correspondaient vraiment à ce que mes amis s'amusaient à lui faire croire. Et oui, pourquoi ne serions -nous pas également quelque peu farceurs?

Le soir, je me rendis ainsi chez cette femme et pu obtenir un entretien de cinq minutes. Elle avait été informée par quelque fantôme prévenant des sombres desseins de cette entreprise minière mais de peur de représailles préférait se taire. Je lui proposait donc d'entrer en contact avec Monsieur Lumine.

Après avoir, tant bien que mal, réussi à la convaincre elle prit son combiné et appela. "Allo, Monsieur Lumine, cet appel va vous sembler étrange mais voilà je m'appèle Kalaine, médium pure, et un fantôme du nom de Gior m'a demandé instamment de vous prévenir d'un danger encouru par les habitants de Siphon et vous demande de quitter la ville!" Jean interloqué répondit " C'est une plaisanterie Madame? Je n'écoute pas votre stupide radio et ne ferai pas rire vos tout aussi stupide auditeurs". Il s'apprêtait à raccrocher mais la présence d'esprit de Kalaine le retint.
"Monsieur, le fantôme m'a parlé d'une certaine Cyrilline et je peux vous dire que dans votre clé usb jaune se trouve votre recueil de poèmes intitulé Les écarts vains". Le sang de Jean fit un tour très rapide car personne ne pouvait savoir cela. Il lui dit "Puis-je me rendre chez vous?" Soulagée elle lui répondit " Bien sûr, j'habite au 33 rue des tours noix du scaphandrier."

mercredi 10 mars 2010

La rencontre et de sombres perspectives...

Au réveil de Jean Lumine (je révèle désormais son identité) quelque chose de trouble dans son regard me signalait que cette journée sortirait de son lot morose habituel. Notre homme se regardait inquiet dans la glace comme s'il ne contrôlait pas son image, s'il avait peur de la soudaine versatilité des apparences. Après avoir bu le contenu de sa cafetière italienne il décida de se rendre à la bibliothèque municipale lire le journal. Le traquenard était prêt du côté de Cyrilline qui l'attendait avec un ouvrage sur la "prodigieuse vie sentimentale des insectes en Amazonie".
Au bout de cinq bonnes minutes passées à lire la rubrique actualité des découvertes archéologiques en France méridionale Jean en manque manifeste de nicotine fut contraint de sortir pour allumer une cigarette népalaise qu'il tournait fébrilement entre ses doigts à cause du froid. Plein d'un courage rare Cyrilline sorti également de la salle de lecture. Elle s'avança vers Jean et lui demanda du feu. " Vous êtes chercheur Monsieur?" lui demanda-t-elle d'une voix fluide mais inquiète."Non pas du tout, je suis peintre mais je vous ai vu consulter un livre sur les insectes et..." Jean ne savait plus quoi dire, il se sentit l'envie de rentrer dans sa carapace mais Cyrilline lui vint en aide: "Oui tout à fait je m'intéresse à ces petits êtres et si vous le souhaitez je peux vous prêter un ouvrage que je leur ai consacré!". Surpris par cette soudaine générosité Jean accepta et rendez-vous fut pris pour samedi même lieu même heure. Jean semblait très inquiet, il avait ses aises de célibataires et ne semblait pas disposé à rencontrer qui que ce soit... Mais là, c'était dit il ferait un petit effort!
Pour ma part la visite de la bibliothèque fut pour moi l'occasion de me rendre dans le fonds archives et d'y rencontrer de vieux fantômes avec qui nous devisâmes sur la ville, la population et nos vies antérieures. Ils m'apprirent également qu'en ce moment un complot se déroulait dans la ville à la barbe des habitants, un complot visant à en asservir la population et tout particulièrement les jeunes gens qui devraient travailler dans des conditions effroyables et ce gratuitement et de façon servile pour le restant de leur jour... Une mine de crayon allait ouvrir et tout le monde devrait participer sur son temps de vie. Il fallait coûte que coûte prévenir mes deux protégés mais comment faire?...

mardi 9 mars 2010

Un courrier de centre emploi et présentation du second protagoniste

Aujourd'hui le courrier est arrivé avec sa nouvelle fracassante. L'identifiant 0987666554434333322222211234455566677788888GGGTHHYYTRRRDDSDEE14 n'est plus inscrit sur la liste des demandeurs. Le numéro concerné (notre locataire) a immédiatement saisi le combiné. "Non Monsieur, les règles sont nouvelles et nous ne vous les communiquerons pas... Elles concernent tout le monde mais sont strictement confidentielles et aléatoires. Et puis il n'y a aucun recours possible. Si vous êtes mécontent nous pouvons supprimer les jours d'indemnité qui vous restent... Au revoir Monsieur et n'essayez surtout pas de protester, c'est strictement illégal et cela aggraverait votre cas!"
Le téléphone raccroché notre principal protagoniste devenu soudain blême a essuyé une petite larme et marmonné "C'est qu'ils sont devenus durs..." et de penser qu'ils diraient sûrement "Vous comprenez mon bon Monsieur avec tous les abus qu'il y a eu..."
"Oh bah oui ma bonne dame..."
Le dialogue intérieur faisant place au simulacre de discours que l'homme avait eu, il demeura perplexe quelques instants.
Le temps pour moi de vous présenter un autre personnage assez voisin de notre héros (la ville est si petite)et qui circule de façon toute aussi aléatoire dans ses rues.

Cyrilline est une femme d'une trentaine d'années qui a, de ses amours, gardé un rictus narquois et la fâcheuse manie de se moquer de ses prétendants.
Docteur en chimie biodynamique, elle n'a jamais pratiqué cette discipline au grand damn de ses pairs.Elle écrit pourtant de petits traités d'entomologie (ce qui n'a strictement rien à voir) et ce de façon purement amateur et auto produite en dehors de ses heures de travail. Un travail alimentaire soit dit en passant. Cyrilline a en effet obtenu un poste dans une administration dont l'opacité est proche de celle précédemment citée. Toutefois le soir elle se plonge dans l'étude de ses petits insectes et écrit ensuite des romans intrigant. Avec tout ça, elle n'a absolument pas de temps à consacrer à un homme dans sa vie. Toutefois elle a remarqué notre homme et une pointe d'intérêt (mais aussi de dédain) s'est immiscé en elle. C'est décidé elle lui parlera bientôt...

lundi 8 mars 2010

Une journée banale

Notre ami s'est levé perplexe ce matin, comme à son habitude s'est rué sur son paquet de cigarette et a allumé le café (qu'il prépare toujours la veille). Pour moi qui dort dans le calice sur la cheminée c'est un supplice le moment où il met un disque car la résonance m'éveille de façon brutale. Si je pouvais communiquer avec lui je lui clarifierais quelques détails... Je crois qu'il pense à une femme ces derniers temps car il me semble un peu taciturne et repasse souvent les mêmes chansons. Si des amis passaient j'en saurais plus sur sa vie sentimentale mais il est tellement désagréable et ego tique que je pense que la plupart attend un moment plus propice pour parler avec lui...
Au moment ou il a prit son carnet pour gribouiller quelque vers, j'ai pensé à un ami de ma vie de vivant. Ce dernier s'appelait Just, un jeune militaire un peu désemparé par son départ imminent et dont la petite amie avait décidé de rompre définitivement les liens avec lui.Il compensait son manque relationnel en écrivant des lettres fictives qui doivent à présent dormir dans une malle...
Je me demande si le locataire du 2 bis n'a pas une vie amoureuse également fictive mais ces vers me semblent tellement cryptés que j'ai du mal à connaître le fond de sa pensée.
Il est parti en début d'après-midi et je l'ai un peu suivi dans la rue. Après être passé chez un disquaire et avoir prit le thé avec une amie notre personnage est rentré. je l'ai vu astiquer ses conquêtes de bois de pierre et de bronze et je me demande si ces pratiques ne sont pas plus ou moins des résurgences religieuses.
Il est étrange de le voir s'adresser intérieurement à ces statuettes comme il est étrange de le voir fixer son "mandala" qui trône dans son salon.
Lorsqu'il peint, je peux au moins essayer de deviner ses pensées...
Notre homme a un ami avec qui il glose et ricane devant sa "webcam". Il est un peu "geek" sur les bords entre ses "blogs" et sa messagerie qu'il guette comme un bouchon de liège sur l'eau!
Mais je crois que quelque chose l'attend qu'il n'envisage pas ni n'imagine. Je ne devrais pas vous le dire mais autour de ses parcours centre urbain un autre personnage tout aussi haut en couleur le suit du regard. Cette personne, à mon avis, ne va pas tarder à entrer en contact...

dimanche 7 mars 2010

retour de notre héros

Notre homme est revenu d'un long voyage- et beaucoup de repos pour moi- en Inde et au Népal. Il est revenu haletant, chargé comme un baudet avec un grand sac à dos noir qu'il a posé avant de se servir un grand verre d'eau. Méticuleusement il a ouvert son sac et a sorti toutes sortes d'objets qui vont encombrer encore ce petit appartement sale. Tout d'abord deux petites timbales d'argent qu'il cogne l'une contre l'autre (un petit instrument de prière entre nous mais je ne suis pas sûr qu'il l'ai compris).Ensuite il a sorti une petite statuette féminine en bois dont il semble très fier et qu'il a dû payer quelques roupies seulement, une petite divinité en bronze qu'il semble affectionner tout particulièrement, un petit Ganesh en cire et encore un petit Bouddha en pierre... Notre homme semble avide de protection sans compter les quelques peintures tibétaines et hindouistes qu'il a encore ramené. Le pire, me semble-t-il, est qu'en bon égoïste il semble n'avoir rien ramené à ses amis juste de quoi rendre son chez lui encore plus inquiétant...
Ensuite je l'ai vu appeler fébrilement tous les contacts de son petit carnet posé près du téléphone pour dire invariablement qu'il avait vraiment fait un beau voyage et qu'il était triste de revenir ici. Il semble avoir peu changé et s'il n'était pas parfois sympathique je jugerai son cas vraiment désespéré...

Introduction

Bonjour chères auditrices et chers auditeurs,
Je me présente, je suis gior, un fantôme et j'occupe un petit appartement situé au 2 bis rue Georges Thiéry dans une petite ville réputée paisible.
Le locataire avec qui je partage mes pensées est lui aussi un être paisible, bien qu'à force de le côtoyer je me rend compte de ses nombreux travers.
Ce dernier est un peintre dont la réputation n'est pas acquise et qui semble se démener entre petits contrats précaires et petites expositions ne satisfaisant pas sa soif de gloire.
Mon installation chez ce jeune homme remonte à quelques années. Ayant été contraint à rester sur terre après une existence peu réglementaire (et que je tairais le plus possible)je décidai de m'installer quelque part dans une ville ou je saurai me rendre compte de l'activité et me permettant d'en comprendre les rouages.
Je fus d'emblée attiré par les masques et les peintures qui faisaient de cet appartement un lieu de prédilection pour un fantôme de mon espèce. je pouvais ainsi à mon gré passer d'un personnage à l'autre selon mon humeur et le locataire souvent absorbé par ses nombreuses pensées me semblait bien peu encombrant. De plus, ses quelques amis qui le visitent assez régulièrement me sont sympathiques. De surcroît, ayant un goût assez prononcé pour la peinture et l'écriture, je peux me distraire en le voyant agir et sa bibliothèque me permet de passer des journées à lire. N'en déplaise à mes confrères qui s'installent dans les musées la vie de ce pauvre bougre est distrayante et sa production artistique tourmentée m'amuse plus que celle des grands maîtres car il est prodigieusement jouissif de voir notre homme se démener pour un combat que beaucoup estimeraient vain. Je ne sais pas si je dois me situer parmi eux mais cette expérience de fantôme est des plus amusantes. Ce blog est édifié dans le but de narrer mes quelques pensées qui me viennent lorsque notre locataire commence à s'assoupir...